Peux-tu me donner ta main
Violette,
Si  demain chez moi c’est  la disette ?
Peux-tu me laisser une petite assiette,
Ne serait-ce qu’une miette ?
Je n’ai plus rien dans mes poches trouées
Oh Violette, Je m’accroche à toi
comme à une bouée
Donne-moi
Ne serait-ce qu’une bouchée,
Une mie de toi
car je n’ai plus de moi.
 
Ici, on est face contre terre
Car il n’y a pas de travail
Je mène une vie de marmotte
La galère est à ma porte,
Je laisse entrer les huissiers,
Qui prennent tout,
même ton chandail.
Je vis à présent dans
Une masure,
Je n’ai plus de chauffage,
C’est le chômage.
Je n’ai plus de lumière
Mais tout va bien
Je  suis au pays des Lumières.
 
La famille et les amis,
Sont le cœur de ma vie,
Mamie et Ninie
Tant que l’espoir n’est pas fini
Vous serez les soleils de mes nuits
 
La boulangerie a fermé,
le bureau de poste ne prend plus le courrier
les ouvriers qualifiés,
ont quitté le village oublié
Le maire s'est sacrifié
à l'autel de ses administrés
Les églises et les mosquées,
Sur leurs frontons drapés,
Liberté, Égalité  et Fraternité  
prennent désormais
Ces Français de la ruralité,
Les délaissés  de la modernité.
 
La famille et les amis,
Sont le cœur de ma vie.
Mamie et Ninie,
Tant que l’espoir n’est pas fini,
Vous serez les soleils de mes nuits.
 
Hé Violette,
Ouvre ta fenêtre,
Regarde
Toute cette vie
Champêtre   
Abandonnée au milieu
de ces hêtres,
Hé Violette,
Lève tes yeux
sur toute cette France
Livrée à elle-même.
Elle crie son mal-être
Violette,
Elle vit dans le peut-être,
Violette,
Sa clameur gronde
Elle monte crescendo
Dans une ronde aux mille echos
Hé Violette,
N’oublie pas qui tu es,
N’oublie pas d’où tu viens.
Ici, il n’y a plus de fêtes,
Le temps des guinguettes,
C’est fini.
Ici, on crève la dalle.
Le RSA, c’est à la fin du mois,
Mais cette fois il n’y en aura pas,
C’est sans trêve dans la panade.
 
Violette, peux-tu me donner ta main
Si demain je suis  dans  le pétrin  ?
Violette, peux-tu me donner ta main
Si l’avenir est incertain   ?