Maman est partie hier
dans le train de nuit pour Hyères,
Dans son carnet
posé à la salle à manger
elle a mis ses maux.
Elle a dit qu’elle était en danger
Elle a écrit : je dois vous quitter
 
Son prince charmant
Son amour, avant
Qui lui a dit tout le temps
Je t’aime tant
S’est pris de tendresse
Pour une maîtresse  
Car il se disait en détresse
Sans les caresses
de maman
 
Dans sa lettre d’adieux
Sous mes yeux
Qui ont pleuré,
Maman a couché
Ses bleus de nuit
Ses cris de femme battue
Ses moments douloureux
Dans son lit de femme trahie
 
Son prince charmant
Son amour, avant
Qui lui a dit tout le temps
Je t’aime tant
S’est pris de tendresse
Pour une maîtresse  
Car il se disait en détresse
Sans les caresses de maman
 
Mes parents se sont-ils aimés ?
Dans cette maison de mon enfance,
Où la vie était une romance.
Que s’est-il passé ?
La peine a-t-elle gagné ?
L’amour est-il terrassé ?
Les enfants, sont-il désirés ?
Et cette foule dans les photos
De mariage,
Était-ce un mirage ?
Et ce nacré de coquillage
dans ces alliages échangés
Pour le trésor du vieil âge ?
Que s’est-il passé ?
 
Maman est partie hier
Dans le train de nuit pour Hyères
Son prince charmant
Son amour, avant
Qui lui a dit tout le temps
Je t’aime tant
S’est pris de tendresse
Pour une maîtresse  
Car il se disait en détresse
Sans les caresses de maman
 
La foule dans les photos de mariage
Est partie derrière maman,
Papa est maintenant un amant
De ma nouvelle maman,
Qui n’a pas trente ans.
Dans trente ans, papa aura l’âge décrépit
Comme toutes ses photos de mariage sur
Le mur du couloir décrépit où maman
Avait construit son boudoir.